Lorsque l’on se promène dans le centre de Londres, dans les quartiers où il y a beaucoup de bureaux par exemple, on n’est pas surpris par le nombre de pubs – même si c’est vrai qu’il y en a presque à tous les coins de rues – mais par le nombre de Pret A Manger (et aussi de Eat et Itsu, mais dans une moindre mesure…).
Il y a de ces sandwich shops tous les 300 mètres ici… J’en compte trois rien que sur le petit bout entre mon arrêt de bus et mon travail, c’est vraiment incroyable. En fait il y aurait 240 Pret A Manger au UK, dont 168 à Londres – probablement dans un rayon de moins de 10 km… Pour le moment ce n’est rien comparé au nombre de McDo, Starbuck ou Costa, mais la chaîne de sandwichs est en pleine expansion: elle vient d’annoncer qu’elle va créer 550 jobs dans le pays, après une année exceptionnelle malgré la crise (les ventes ont augmenté de 15%).
La compagnie, créé en 1986 à Victoria par deux amis d’université, Julian Metcalfe et Sinclair Beecham, a d’ailleurs ouvert des magasins à New York, Hong Kong et même à Paris – où il paraît que les Français apprécient les gâteaux et les cookies, mais mangent moins de chips. Il devrait y avoir bientôt quatre ‘Pret’, comme on dit ici, à Paris…
Quelle est donc la raison de ce succès? La formule est simple: des ingrédients frais, des sandwiches, salades, soupes et wraps préparés chaque matin par les employés (en tous il y en a presque 5,000 au UK), sans date de péremption puisqu’ils sont soit achetés dans la journée, soit donnés aux sans-abris à la fermeture du magasin chaque soir. (La chaîne organise aussi un programme d’apprentissage pour les sans-abris et les anciens détenus). On y sert des produits sans additifs ni conservateurs, contrairement à la plupart des autres sandwiches sur le marché. Les chiffres sont hallucinants: par exemple alors qu’il faisait très froid l’hiver dernier, Prêt a vendu plus de 50,000 bols de porridge par semaine aux Anglais…
Sans parler du marketing, des publicités rigolotes et du ton sympa repris depuis par la plupart de leur compétiteurs…
Autre point fort: une obsession du service rapide. Et oui c’est un fast food après tout (Pret A Manger tire son nom du prêt à porter de la mode). Les clients passent en moyenne seulement 90 secondes à faire la queue à la caisse – et pourtant, il y en a du monde dans ces sandwich shop chaque midi…
Et finalement, les employés. ‘Nous n’employons que des gens sympas, des gens qui sont de bonne humeur par nature,’ dit la compagnie, qui leur recommande d’accueillir les clients avec leur propres mots, et de les traiter comme s’ils étaient des invités chez eux. Résultat, ce qu’ils appellent le ‘Pret Buzz’, l’ambiance des magasins est très positive et dynamique.
Rajoutez à cela un salaire, £7.25 de l’heure, au dessus du minimum légal de £6.08; et beaucoup de possibilité de bonus pour motiver les troupes. Par exemple, la chaîne emploie des ‘clients mystères’ qui visitent chaque magasin une fois par semaine. Si l’équipe répond à toutes ses attentes, chaque employé gagne £1 par heure travaillée durant la semaine en question. Les employés star peuvent même recevoir un bonus cash de £50 s’ils ont été particulièrement sympa; les équipes gagnantes reçoivent de quoi aller boire des verres ensemble. Ce qui explique sans doute pourquoi ils ont l’air si béats:
Et aussi pourquoi les employés restent à Pret pendant 20 mois en moyenne, bien plus longtemps que dans tous les autres magasins de fast food. D’ailleurs ces employés sont pour la plupart étrangers (106 nationalités différentes) et surqualifiés. Il y a seulement 18% de Britanniques, les autres sont en majorité Polonais, Colombiens et Italiens, prêt à tout pour réussir à Londres.
‘Nous avons des vétérinaires, avocats, des gens avec deux diplômes ou des MBA qui travaillent à Prêt,’ explique un responsable. ‘Si nous avons un poste qui se libère pour un designer, spécialiste IT, finance ou ressources humaines, neuf fois sur dix, on trouve quelqu’un de chez nous.’ Si vous cherchez un boulot à Londres et voulez en savoir plus sur le recrutement, lisez cet article du Telegraph qui est très détaillé, ou la page de Pret directement.
Bref, le seul problème – et pas des moindres – avec Pret A Manger, c’est qu’il y en a beaucoup trop. Si cela continue comme cela, il n’y aura plus que ça à Londres!