Autre histoire d’amour romantique aujourd’hui, celle de Elizabeth Barrett Browning et Robert Browning, deux des plus grands poètes Britanniques. Elizabeth, poétesse star de l’époque Victorienne, issue d’une grande famille propriétaire de plantations en Jamaïque, se rebella contre son père en s’opposant d’abord à l’esclavage, puis en se mariant en secret avec son amoureux, Robert, avant de partir s’installer en Italie, le rêve de tous les artistes de l’époque (son père la déshérita et ne lui adressa plus jamais la parole)
Très connue au Royaume-Uni – son recueil de 1844, Poems, l’ayant rendu extrêmement populaire – mais malade et vivant chez ses parents à Wimpole Street, près de Regent’s Park, a reçu un beau jour une lettre du jeune poète Robert, de six ans son junior, lui déclarant son admiration: “I love your verses with all my heart, dear Miss Barrett” et la félicitant pour “fresh strange music, the affluent language, the exquisite pathos and true new brave thought”. S’en suit une correspondance passionnée pendant des mois, pendant lesquels les deux amoureux s’échangent plus de 575 lettres d’amour, publiées en 1866 par leur fils Pen.
Elizabeth, malade depuis son enfance (de problèmes pulmonaires entre autres), retrouva un peu de sa santé en Italie, où elle vécu heureuse avec son mari à Pise, Sienne, Florence et Rome. Mais pour supporter ses douleurs, elle pris de l’opium tout au long de sa vie.
Ce mélange d’amour fou, de talent littéraire inné et de drogue dure a produit certains des plus beaux poèmes en anglais, dont le plus connu, How Do I Love Thee?, fut écrit durant ces longs mois de correspondance avec Robert avant leur mariage, et fut publié dans Sonnets From the Portuguese, en 1850.
Le voici en anglais, puis en français ci-dessous:
Sonnet 43
How do I love thee? Let me count the ways.
I love thee to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of Being and ideal Grace,
I love thee to the level of everyday’s
Most quiet need, by sun and candle light.
I love thee freely, as men strive for Right;
I love thee purely, as they turn from Praise.
I love thee with the passion put to use
In my old griefs, and with my childhood’s faith.
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints,-I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life!-and, if God choose,
I shall but love thee better after death.
Comment est-ce-que je t’aime? Laisse-moi en énumérer les manières .
Je t’aime jusqu’au plus profond, plus haut, plus étendu
Que mon âme puisse atteindre, en semblant hors de vue,
Jusqu’à la fin de l’Existence et la Grâce idéale,
Je t’aime au niveau des plus simples nécessités du quotidien,
au soleil ou à la chandelle,
Je t’aime librement, comme l’homme aspire au Bien
Je t’aime purement, comme il se détourne de la Flatterie.
Je t’aime avec la passion que j’ai autrefois mises dans mes anciens chagrins,
et avec ma foi innocente d’enfance
Je t’aime avec un amour que j’ai cru perdre
Avec mes saints perdus, – je t’aime avec le souffle,
les sourires, les larmes, de toute ma vie! et, si Dieu le veut,
Je t’aimerai encore mieux après ma mort.