En cette belle journée d’Halloween, j’aimerai vous raconter l’histoire étrange de quelque chose de sombre et mystérieux, caché en plein centre de Londres depuis la nuit des temps ou presque. Il s’agit d’une pierre magique, un talisman sensé protéger Londres de tous les dangers. La légende veut que si on ose la déplacer, toutes sortes de fléaux s’abatteront sur la pauvre City of London.
D’ailleurs, lorsqu’on a déménagé ces 76kg de calcaire oolithique au Museum of London, en 2016, pour cause de travaux, une catastrophe – le référendum du Brexit – est arrivée dans les semaines qui suivaient. Maintenant que la pierre a retrouvé sa place à 111 Cannon Street, il faut espérer que sa magie opère à nouveau et nous sorte de ce pétrin… (On ne sait jamais: lorsqu’on l’a remis à sa place après d’autres travaux en 1962, la Crise des Missiles de Cuba s’est vue soudainement résolue…)

Mais d’où vient donc cette pierre magique? Le poète romantique William Blake l’imaginait en autel druidique, site de sacrifices cruels, alors que d’autres faiseurs de légende aimait la décrire comme une pierre amenée de Troie par Brutus, le premier roi de Grande-Bretagne. “So long as the stone of Brutus is safe, so long shall London flourish,” dit un fameux proverbe. Ou serait-ce plutôt la pierre dans laquelle l’épée Excalibur du roi Arthur est enfichée?
Ce type de calcaire était utilisé par les Romains et les Saxons. La pierre est donc peut-être une borne ou une ruine romaine – son emplacement originel était juste en face du grand palais du gouverneur romain, à présent la gare de Cannon Street. Mais le site est également au centre des nouvelles rues construites par le Roi Alfred en 886, après que la ville est été détruite par des attaques des Vikings…
Une chose est sûre: la London Stone est une relique importante qui joue un rôle symbolique, représentant le pouvoir et l’autorité de la capitale depuis des siècles – dans le Henry VI de Shakespeare, un personnage s’y assoit comme dans un trône. Elle est mentionnée pour la première fois dans un évangile du 10ème siècle, ayant appartenu au roi Saxon Ethelstone. Quand au premier maire de Londres, au 12ème siècle, il s’appelait Henry Fitz-Ailwin de Londonstone.


Pourquoi ne pas profiter de la nuit d’Halloween, ou Samhain – durant laquelle les Celtes pensaient que la frontière entre le monde des vivants et des morts était la plus fragile – pour aller rendre visite à ce talisman, et tenter de lui soutirer quelques secrets?
