Ce week-end à Londres, un million de personnes se sont rassemblées pour dire au gouvernement britannique qu’ils ne voulaient pas du Brexit, et cela dans une ambiance très paisible et très British. Les organisateurs pensaient manifester pour un People’s Vote, un deuxième référendum, mais en fait, la plupart des panneaux demandaient carrément de mettre un stop à cette folie qui paralyse le pays depuis trois ans.
Je n’ai jamais vu autant de drapeaux européens de ma vie (ni autant de manifestants venus accompagnés de leurs chiens – ah les Brits et leur amour des animaux), et je dois dire que cela nous a fait chaud au coeur de participer à cet évènement, pour combattre un peu ce sentiment d’impuissance que nous avons face au Brexit.
C’est sûrement ce même sentiment qui pousse les Anglais à signer la pétition Revoke Article 50, la plus grande de tous les temps au UK, avec pour le moment 5 millions de signataires. Signez là si vous le pouvez (il faut être soit British, habitant n’importe où, soit résident au UK), car plus on se rapproche du chiffre de 17.5 million (le nombre de gens ayant voté Leave au référendum), plus la pétition aura du poids au parlement.
En tout cas, la manifestation de samedi était la plus grande du pays depuis celle contre la guerre d’Irak il y 16 ans, à laquelle j’avais également participé. Dans les deux cas, c’est l’ambiance extrêmement relax qui frappe. La foule était immense, et nous avons avancé très doucement, mais n’avons pratiquement pas vu de policiers (ceux qu’on a vu, à la fin, étaient soit en train d’encadrer les contre-manifestants du Leave, soit en train de boire un thé en se reposant appuyés contre leur voiture). Aucun magasin n’a fermé pour l’occasion: les boutiques de luxe de Bond Street étaient resplendissantes, personne n’ayant eu peur de casseurs (ou de gilets jaunes)…
Les manifestants n’étaient certainement pas en panne d’inspiration pour leur panneaux:
Et voici mes préférés:
La manifestation n’a eu pour le moment qu’un seul effet: de remettre l’option d’annuler l’article 50 sur la table, une idée qu’aucun politique n’osait évoquer. Et c’est déjà une belle réussite pour ce mouvement populaire – chapeaux à ceux qui sont venu y participer en faisant 12h de bus depuis l’Écosse… Comme l’écrit Tim Adams dans le Guardian, c’était vraiment une célébration d’un certain “creative optimism” très British. Adams nous rappelle aussi une citation de l’historien Timothy Snider: “Power wants your body softening in your chair and your emotions dissipating on a screen. Get outside.” C’est sûr, s’il y a une prochaine fois, j’y serais, et je m’appliquerai pour faire un bon panneau!
Je laisse le mot de la fin à Churchill: