Vous l’avez peut-être oublié, mais le Royaume-Uni va quitter l’Union Européenne ce vendredi 31 Janvier à 23h. Pour célébrer l’occasion, le parti Conservateur vous propose d’acheter un torchon de cuisine, d’une tasse ou encore d’un badge avec le slogan “Got Brexit done”. Tous sont “PROUDLY printed in the UK”, mais malheureusement, ne seront livrés qu’à partir du 10 février: les Tories ont beau avoir causé le Brexit, et l’avoir préparé depuis des mois, ils ne sont pas fichu d’avoir leur marchandise prête à temps – ça promet. En tout cas, la teatowel avec Boris (£12), c’est collector:
Pour ceux qui préfèrent, il y a aussi une pièce commémorative de 50p sur laquelle est gravée “peace, prosperity and friendship with all nations” – étrange que cette pièce célébrant le Brexit soit décorée d’une parfaite définition de l’UE! Regardez-là bien, car lorsque l’UK aura enfin divorcé complètement de l’Europe, elle vaudra sans doute au moins 32p – c’est la magie du Brexit…
Peu importe, les fans du Brexits pourront célébrer le départ du UK sur Parliament Square (en plein coeur d’une ville qui a voté 59.9% contre leur idée), avec un décompte jusqu’à 23h tapantes, des drapeaux Union Jacks partout, et des lumières bleu-blanc-rouge projetées sur certains bâtiments. L’occasion d’entendre Nigel Farage en vrai. Quelle chance! Les organisateurs attendent 15,000 personnes à partir de 21h.
Pour contrebalancer tout ça, l’excellent maire de Londres, le travailliste pro-européen Sadiq Kahn, organise son propre évènement à City Hall “for anyone who wants to come together in solidarity with our European friends, neighbours and colleagues.” On y trouvera des conseils gratuits sur le EU Settlement Scheme. “We want all Europeans to feel valued, welcome and supported in our city. That’s why we’re opening our doors on Friday to stand in solidarity with them as they navigate Brexit.”
Que l’on soit Leave ou Remain, c’est une date historique dans l’histoire du pays. Comme l’écrit Fintan O’Toole dans le Guardian, l’évènement (que certains appelle déjà Independence Day, de manière totalement ridicule), est rempli d’ironie:
Britain is not and never has been a nation state. For most of its history as a state, it has been at the heart not of a national polity, but of a vast multinational and polyglot empire. And the UK is itself a four-nation amalgam of England, Scotland, Wales and Northern Ireland. There is no single pre-EU UK “nation” to return to. There is no unified “people” to whom power is being returned. And this is the contradiction that the Brexit project cannot even acknowledge, let alone resolve.
Scotland and Northern Ireland rejected Brexit even more emphatically in the general election of 2019 than they had done in the referendum of 2016 and a clear majority of voters in the UK as a whole voted in 2019 for parties that promised a second referendum and an opportunity to stay in the EU. So while Johnson likes to talk of 31 January as “this pivotal moment in our national story”, there is neither a settled nation nor a shared story. Brexit is not Northern Ireland’s story. It is not Scotland’s story. It is not even London’s story.
Tout le problème maintenant est donc de redéfinir ce qu’est le UK, et ce que sont ses relations aux autres pays. Le gouvernement espère se mettre d’accord sur toutes ses nouvelles lois avant la fin de la période de transition, prévue pour le 31 décembre 2020. En attendant, pendant les 11 mois qui viennent, le UK suivra toutes les régulations européennes et restera dans le marché unique, et tout continuera à rouler comme avant (sauf que bien sûr le pays n’aura plus de droit de vote ou de veto). Jusqu’ici tout va bien… Mais le réveillon du 31 promet d’être spectaculaire.