Après les grèves de l’automne 2009, les postiers de la Royal Mail n’ont plus trop la cote. Heureusement, il nous reste encore les milkmen! Malgré la neige, ils ont continué à livrer leurs pints de milk cet hiver – 3,500 d’entre eux, travaillant pour Robert Wiseman Dairies, vont même recevoir un bonus de £100 pour les remercier d’avoir continué à travailler pendant le Big Freeze… Bien sur, ici, le lait frais c’est sacré. Tout le monde en met dans sa tasse de thé, et personne n’achète du lait UHT (une brique se cache au fond du placard, mais est utilisée seulement en cas de crise).
Martin Taylor
Adorés des Britanniques qui voient en eux un symbole de leur pays, et de leur ‘community spirit’, les milkmen distribuent aujourd’hui 8% du lait acheté au Royaume-Uni (contre 85% il y a 30 ans). Mais ils profitent du boom des livraisons à domicile pour se refaire une place au soleil (ou plutôt sous les nuages). L’année dernier, un nouveau service de commande par internet à été lancée par la plus grande laiterie, Dairy Crest, pour faire de nouveau concurrence aux supermarchés. Un succès certain auprès des jeunes familles, qui renouent avec la tradition. Les atouts des milkmen: ils livrent gratuitement 3 fois par semaine minimum, avant 7.30 du matin pour la plupart – et pas que du lait!
Outre les produits laitiers traditionnels (lait, crème, beurre, yaourts) ainsi que des oeufs et du jus d’orange pour le petit déjeuner, les milkmen livrent toute sorte de groceries (courses), du liquide vaisselle aux pet food et compost. Les livraisons de Mr Holding, 72 ans, milkman dans le Lancashire, étaient plus inattendues. L’hiver dernier, Mr Holding s’est fait arrêté pour livraisons illicites: il distribuait du cannabis au retraités (17 au total, le plus vieux avait 92 ans) du coin en même temps que leurs bouteilles de lait. Mr Holding s’est défendu en disant rendre un service public; il a été acquitté car sa femme était atteinte d’Alzheimer.
Le lait est livré à domicile depuis la fin du 19ème siècle. A l’origine, comme les frigos n’existaient pas, il était livré quotidiennement par des milkmen sur des voitures à cheval. Depuis les années 1950, les bouteilles sont transportées sur des milk float, des petites voitures électriques – et donc très silencieuses – parfaites pour se promener au petit matin dans des quartiers résidentiels. Avec leur allure toute carrée et brinquebalante, ils sont facile à repérer. Les milk float ne peuvent pas aller à plus de 26km/h, et n’ont pas de portes pour rendre la livraison plus rapide.
Un milkman livrant du lait pendant le Blitz
Du coup, ils sont aussi parfaitement écologique, un grand plus en ces temps ou tout ce qui est ‘green’ est ‘much better’. Non seulement le véhicule ne pollue pas, mais en plus le lait est transporté dans des bouteilles en verre, constamment réutilisées et recyclées. Tout cela explique aussi le renouveau de popularité du service, bien plus agréable que les énormes, bruyants, polluants camions de livraison à domicile des grands supermarchés. Il y a donc tout plein de bonnes raisons de célébrer notre Milkman of the Year 2009, Ian Kay, 41 ans, aussi du Lancashire. Il commence ses journées à une heure et demie du matin, quand il arrive au dépôt pour charger son milk float avant de livrer ses 472 clients.