À chaque fois que l’on parle d’Écosse dans les médias, je rigole. Car son premier ministre s’appelle Alex Salmond (presque comme salmon, ou saumon en anglais) et son adjointe Nicola Sturgeon (esturgeon). Au pays du saumon fumé, c’est génial – un peu comme si le président français s’appelait M Nicolas Camembert…
Mais voici que cette semaine on parlait beaucoup d’un truc beaucoup plus sérieux: l’union entre l’Écosse et l’Angleterre, et d’un possible divorce. Commençons par le commencement: savez-vous ce que c’est que la dévolution du pouvoir? C’est un transfert ou une délégation de pouvoir politique d’une entité à une autre. Dans le cas du Royaume-Uni, c’est le transfert du pouvoir de l’état central aux pouvoir régionaux d’Irlande du Nord, du Pays de Galle et d’Ecosse. Ce processus a commencé en 1997 avec l’élection de Tony Blair, dont l’une des promesses de campagne était de créer ou re-créer des insitutions pour l’Écosse et le Pays de Galles.
Le résultat aujourd’hui c’est que le Pays de Galles et l’Irlande ont chacun une Assemblée Nationale, et l’Écosse un parlement, fondé après plusieurs référendums. (De fait, le seul membre du Royaume-Uni sans parlement propre c’est l’Angleterre). Ils ont donc leurs propres lois, leurs propres ministres de la justice, finance ou agriculture, et même leur propres billets de banque pour certains. Westminster n’a pas cédé tous ses pouvoirs, et se réserve le droit de réguler le salaire minimum, l’aviation civile, les marchés financiers ou des droits de propriétés intellectuelles par example.
Le premier ministre écossais, Alex Salmond donc (on dit first minister, alors que Cameron est prime minister), est partisan d’une séparation de l’Écosse, selon lui l’étape suivante après la dévolution. Il a donc remis sur le tapis l’idée d’un référendum qui demanderai aux écossais de choisir leur camp: avec ou sans le UK. Salmond dit qu’il faut du temps pour débattre et prendre une décision sur un sujet aussi important, et souhaite l’organiser pour 2014 (accessoirement l’anniversaire de la bataille de Bannockburn, une victoire décisive de l’Écosse sur l’Angleterre).
Cameron l’a pris au mot et souhaite organiser un référendum le plus vite possible – il s’attend donc à ce que la majorité des Scottish refuse de se séparer. Après tout, cela fait des siècles (enfin depuis 1707 et les Acts of Union) qu’ils font leur petit bout de chemin ensemble. Selon les sondages, seul un tiers des Écossais seraient pour une séparation d’avec le Royaume-Uni. C’est pourquoi Salmond veut poser une seconde question durant le referendum (en gros, voulez-vous plus de dévolution et plus de pouvoir pour l’Écosse), ce que Cameron refuse. Pouvez-vous imaginer le drapeau Union Jack sans la croix bleue écossaise?
S’il est difficile d’imaginer le Pays de Galles (trop petit, pas assez de ressources, quoi que… voir cet article du Guardian) ou l’Irlande du Nord (un passé chargé pas encore réglé, le voisin du sud trop puissant) s’émanciper, il n’en est pas de même pour l’Écosse, qui a de nombreuses industries (whisky, tourisme, pêche. hi-tech, centres d’appel, etc), une longue histoire, et surtout… du pétrole et du gaz (sans parler du vent et de la marée pour les énergies renouvelables). Vous trouverez ici un petit résumé des dates importantes dans l’histoire des relations Anglo-écossaise, et là 12 problèmes/questions posée par le référendum.
Il semblerait que le processus de dévolution soit de plus en plus normal pour les habitants du UK. Selon un sondage Ipsos Mori de ce mois-ci, deux tiers des Britannique pensent que le Royaume-Uni n’existera plus dans deux décennies… Personnellement, je n’en suis pas si sûre… après tout, the more the merrier (plus on est de fous plus on ri)!