The Shard

Après King’s Cross, on se penche aujourd’hui sur la transformation d’un autre coin de la capitale, sur la rive sud de la Tamise: le London Bridge Quarter avec à son coeur la gare de London Bridge, et surtout le gratte-ciel the Shard, ‘l’éclat de verre’. Si vous êtes venus à Londres récemment, vous n’avez pas pu le rater: c’est la plus grande tour de l’Union Européenne, à 310m de haut (devant la Commerzbank Tower de Frankfurt).

C’est un projet du promoteur immobilier Londonien Irvine Sellar, un petit marchand de vêtement du East End qui a réussi dans la vie… Il disait ne pas vouloir d’une autre tour géante, d’un autre symbole phallique, jusqu’à ce qu’il rencontre Renzo Piano, architecte du Centre Pompidou de Paris avec son collègue Richard Rogers. Piano l’a convaincu en dessinant quelques grands traits au feutre vert sur un petit bout de serviette, créant une espèce de pyramide très pointue, apparemment inspirée des clochers des églises londoniennes, et des mâts des bateaux qui s’amarraient encore tout près du site au début du siècle.

Évidemment, Sellar avait aussi besoin d’un architecte au grand nom pour avoir l’autorisation de construire un projet aussi grand pour remplacer une tour moyenne datant des années 1970s. En tout cas le Shard c’est haut:

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Très haut:

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La tour a failli être interdite, car de nombreux experts et l’association English Heritage, chargée des bâtiments classés du pays, se sont inquiété de l’impact de la tour sur le paysage londonien, l’accusant de gâcher la vue de la cathédrale St Paul, de la Tour de Londres et de la cathédrale Southwark (alors qu’ils ne s’étaient pas plaints de la tour très moche de Guy’s Hospital, juste à côté). Même l’Unesco s’y est mise, menaçant de déclasser la Tour de Londres… Rien y a fait, la tour est belle et bien là, une tour si grande qu’elle est complètement d’une autre échelle par rapport aux autres bâtiments de la ville.

Ce film de Paul Raftery et Dan Lowe montre très bien à quel point le Shard a transformé Londres, qui tout d’un coup se trouve un symbole futuriste à la hauteur des villes asiatiques…

Le projet a été plusieurs fois sur le point d’être annulé à cause des crises financières, mais les riches Qatari sont venus à la rescousse. En construction depuis mars 2009, the Shard est presque finie, en tout cas de l’extérieur. Il ne manque plus que quelques centaines de vitres triple épaisseur à caser… Plus de 1,400 ouvriers et ingénieurs y travaillent 24h sur 24h, et devraient avoir fini l’année prochaine. Pour mieux comprendre les défis qu’ils rencontrent tous les jours (comme le vent froid qui les empêche de travailler) et les astuces qu’on dû trouver les ingénieurs, je vous conseille de regarder le documentaire de Channel 4, The Tallest Tower: Building the Shard.

Il y a quelques semaines, les spécialistes en rappel industriel, plus habitué aux plateformes pétrolières de la Mer du Nord, ont installé la pointe de la tour (plus d’images ici):

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Photo: Dean & Londonist

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Photo: Rob Telford Cybertect

Autant vous dire que d’en haut la vue va être magnifique. Selon le journaliste de The Observer, on voit Londres en entier pour la première fois (sauf depuis un avion bien sûr), à 60 miles à la ronde, de Heathrow Terminal 5 au Queen Elizabeth II Bridge à Dartford. Le chanceux photographe Will Pearson y a eu accès, et a préparé un montage à 360 degrés sur son site, voici une photo de ce panorama:

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Pour le moment, seule une poignée de personnes on eu le droit d’admirer ces vues. Certains, comme  un groupe d’explorateurs urbains et ce base jumper, qui est donc redescendu en parapente, n’ont pas attendu d’autorisation… Et le truc le plus incroyable quand même c’est qu’un renard londonien – il y en a partout ici – a réussi à monter jusqu’au sommet, personne ne sait comment.

Pas besoin de prendre autant de risques: le Shard a été pensé avec des espaces publics, comme la plupart des nouvelles tours de Singapour à Dubai, et sa plateforme d’observation accessible à tous ouvrira en février 2013. Pour le reste, l’immeuble comprendra 1.2 million de mètres carrés, avec de bas en haut, des bureaux (étages 2-26), des restaurants (étages 31-33) un hôtel (le Shangri La, étages 34-52), 10 appartements de luxe (étages 53-65; coûtant chacun entre £30 et £50m, leur vente rembourserait donc le budget construction de la tour, qui est de £450m), et la plateforme d’observation (étages 68-72). Cette dernière étant apparemment une idée de Piano, pour qui il était très important que le bâtiment soit ouvert au public.

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Sellar, le promoteur, pense aussi installer une salle de réunion sur un des derniers étages. ‘We could send Europe’s top politicians up there and not let them down until they solve the Euro crisis,’ (On pourrait envoyer les politiciens de l’EU là-haut et ne pas les laisser redescendre avant qu’ils aient résolu la crise de l’euro.) Avec des vues comme celles-ci, pas sûr qu’ils aient envie de redescendre…

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