Après Woolworths, Virgin Megastore, Aquascutum, Clinton Cards, JJB Sports, Habitat, Borders, Comet et Jessops, la dernière victime de la crise qui frappe encore et encore les rues commerçantes du pays est HMV, la plus grande chaîne de magasins de disques du pays. Comme Virgin France, elle fait faillite en ce début d’année après – entre autre – avoir raté le coche de la révolution internet et de n’avoir pu rendre ses 230 boutiques plus accueillantes. Si l’on ne trouve pas de repreneur, plus de 4,000 personnes vont perdre leur travail, et les rues commerçantes se vidées encore plus – on ne le voit pas vraiment à Londres, mais à travers le pays, au moins un magasin sur neuf est vide.
C’est une nouvelle qui fait beaucoup de bruit ici, et pas seulement parce que les clients ayant reçu pour Noël des bons cadeaux, à présent inéchangeables, se sentent lésés. HMV a une longue histoire, et fait partie de la scène culturelle du pays depuis presque un siècle. Ouvert en 1921 sur Oxford Street (il y est encore pour le moment) par la Gramophone Company (devenue ensuite EMI), le premier magasin HMV a été inauguré par le compositeur Edward Elgar. Le voici dans les années 1950:
C’est là dans le studio du magasin qu’en 1962 Brian Esptein fait une démo pour les Beatles, alors inconnus. Depuis, toutes les stars, de Madonna à Nick Cave, de Little Britain à Mister Bean, ont défilé sur le tapis rouge du HMV Oxford Street pour lancer leurs disques, leurs DVDs, ou faire un petit concert. Autre star, et pas des moindres: Nipper, le petit chien figurant sur le logo de la marque depuis ses débuts. Il s’agit d’une reproduction d’un tableau 1898, représentant un chien écoutant un enregistrement de “la voix de son maître” sur un phonographe.
Si vous achetez encore des disques, et qu’il n’est pas déjà fermé, je vous conseille d’aller faire un tour au grand HMV, au 150 Oxford Street. Contrairement aux autres boutiques de la chaîne qui ne vendent – vendaient – que des bestsellers, il stocke un nombre incroyable de CDs plus pointus les uns que les autres. Au sous-sol vous trouverez des rayons classique, jazz et blues superbes, et mon préféré, un rayon de musique du monde, où j’ai trouvé un CD de chanteurs du Rwanda – The Good Ones, excellent – sans problème! Qui sait il y aura peut-être des affaires à faire…
En tout cas j’espère que cette institution de la scène musicale britannique sera repris par des passionnés qui transformeront la boutique en lieu de découverte, avec concerts, grands sofas, bornes téléchargement, café, vinyles, disques, dvd et séances de cinéma… Avec une histoire pareille, un logo si sympa (ils n’auraient jamais dû abandonner le petit chien), et des vendeurs experts, je suis sûre que cela ne désemplirait pas!