Ça avait pourtant mal commencé: ayant acheté mon billet un mois à l’avance, pour un après-midi en semaine (un créneau que je pensais plutôt calme), je me suis retrouvé à faire la queue, pendant 20 minutes, avant de pouvoir rentrer. Même une fois à l’intérieur, j’ai du me mettre sur la pointe des pieds pour admirer certaines des robes d’Alexander McQueen. Comme en plus, en guise de brochure, on m’a donné pour patienter une publicité à peine déguisée pour la marque de bling bling qui sponsorise le truc, je me suis dis que je m’était fait complétement avoir.
Eh bien j’ai tout de suite changé d’avis, car cette exposition dédié au couturier Lee Alexander McQueen, né à Lewisham en 1969, mort à Mayfair en 2010 – toute une trajectoire – est simplement spectaculaire. Ses créations extraordinaires, faites de plumes et de diamants, sont présentées des décors magiques (créés par ses collaborateurs Sam Gainsbury et Joseph Bennett) et accompagnée par de la musique – le résultat est captivant.
“I want to be the purveyor of a certain silhouette or a way of cutting, so that when I’m dead and gone people will know that the 21st century was started by Alexander McQueen,” dit le couturier, pas humble pour un sou, mais avec raison – la première pièce, dédiée à l’influence qu’à eu son apprentissage de tailleur à 16 ans, sur Saville Row, est remplie de vestes, de ses pantalons ‘bumsters’, tous avec des coupes magnifiques. McQueen disait commencer par dessiner les silhouettes de profil, le côté le plus difficile.
Étudiant à la fameuse St Martins School of Arts, il emballe le monde de la mode (en particulier Isabella Blow) avec ses créations originales. “I find beauty in the grotesque, like most artists. I have to force people to look at things,” disait-il. L’expo retrace toutes ses influences, de ses origines écossaises, au gothique victorien et Jack the Ripper, aux voyages lointains, et la nature.
J’ai particulièrement aimé ses robes en plumes, fleurs séchées et en coquillages, ainsi que la salle ‘tribale’ avec des costumes inspirés des cultures primitives, mais l’exposition est très complète et l’on retrouve des créations de la plupart de ses collections.
La pièce maîtresse de l’exposition est sans aucun doute le Cabinet de Curiosité, un espace avec des hauts plafonds et des étagères remplies de créations plus belle les unes que les autres.
L’occasion d’admirer de plus près les accessoires magnifiques, comme les bijoux créés par Shaun Leane, et les chapeaux de Philip Treacy:
L’occasion également de voir des clips de ses shows, toujours présentés de manière provocante ou théatricale (McQueen ayant aussi travaillé pour les créateurs de costumes de théâtre Angels & Berman): les mannequins se déplacent sur un jeu d’échec géants, sont entourées par une ligne de feu ou se font sprayer de la peinture sur leurs robes blanches par des robots automobiles. La salle suivante montre une Kate Moss fantomatique apparaissant dans un hologramme.
Si vous ne pouvez pas y aller, explorez ce mini-site du V&A pour plus de photos et d’informations.
> Savage Beauty, jusqu’au 2 août, V&A Museum (Métro: South Kensington).