En ce moment se trouve en plein coeur de la National Gallery une salle mystérieuse remplie de couleurs tropicales et de lignes fluides, tissées avec grand soin en laine, coton et viscose. Intitulée Weaving Magic, cette exposition de Chris Ofili vous transportera loin des rues pluvieuses de Londres pour un très court instant.
Il s’agit d’une tapisserie géante, The Caged Bird’s Song, basée sur une aquarelle d’Ofili, et fabriquée par Dovecote Studio à Édimbourg. Elle est exposée dans une salle aux murs décorés de fresques de danseurs androgynes, comme dans un temple hindu déjanté, par les peintres scéniques du Royal Opera House.
C’est un projet que j’ai découvert en regardant cet excellent documentaire de la BBC (que l’on peut aussi voir à la National Gallery).
Cinq tisserands ont passé trois ans sur ce projet, transformant ce qui n’était qu’une aquarelle faite en quelque minutes en une oeuvre beaucoup plus intemporelle. Les couleurs sont chatoyantes, les bleus profonds – on a du mal a réaliser qu’il s’agit de noeuds en laine plutôt que de gouttes d’aquarelle.
Chris Ofili s’est inspiré de l’île de Trinidad, où il habite à présent – la scène est à la fois joyeuse – un cocktail coule à flot, une sérénade – et dramatique – une tempête se prépare à l’horizon. L’oiseau en cage du titre se réfère à un hobby trinidadien tout particulier, ainsi qu’à un poème de la grande Maya Angelou. Mais ce sont les couleurs de la tapisserie qui laissent la plus grande impression, comme pour la plupart de ses oeuvres précédentes.
Né à Manchester de parents Nigériens, Ofili s’est fait connaître dans les années 1990 avec des peintures riches en texture, avec collages, paillettes, et même crottes d’éléphants (pour le shock value, et parce qu’elles sont considérées sacrées par certaines cultures africaines).
Gagnant du Turner Prize en 1998, devenu l’une des stars du groupe des Young British Artists, il se réfugie loin du monde de l’art, dans les Caraïbes. À Trinidad, il s’inspire de la nature, de la végétation luxuriante et des cascades, ainsi que des coutumes locales, comme la tradition des diables bleus du carnaval.
Rendez-vous donc à la National Gallery pour un bol d’art, une immersion de couleur et un bain d’exotisme. Ou lisez cet article de l’Observer pour en apprendre plus sur l’artiste et son dernier projet.
> Chris Ofili: Weaving Magic, National Gallery, jusqu’au 28 août. Entrée gratuite