Harrods n’est pas du tout, mais du tout mon type de magasin. La seule et unique fois que je l’ai visité avant cette semaine, c’était il y a 15 ans, lors d’une visite à Londres. Tout bon Londonien qui se respecte évite ce department store, ses foules de touristes et ses clients snobs. On lui préfère l’adorable Liberty ou le lumineux Selfridges, et on ne veux surtout pas être vu avec un de leurs petits sacs vert et or… Trop la honte!
Mais c’est un des symboles de la capitale, et on ne peut pas l’ignorer sans rater toute une partie de Londres, le West London des super-riches Emiratis, Chinois et Russes, tous apparemment fans de shopping. L’année dernière ils ont dépensé £2.1 milliards (!) dans le grand magasin, un chiffre en hausse grâce à la chute de la livre. La plupart (60% d’entre eux) habiteraient dans le Tiara Triangle, un triangle de 3 miles carrés autour du magasin à Kensington et Knightsbridge.

Attirant jusqu’à 300,000 clients par jour, Harrods appartient aujourd’hui à Qatar Holdings, comme la plupart des biens immobiliers de luxe de la capitale. Avec sept étages, 90,000 m2 et 330 départements, c’est le plus grand magasin de Londres. Environ 5,000 personnes de 50 pays différents y sont employées.
Son slogan est Omnia Omnibus Ubique (Tout, partout, pour tous). Enfin pour tous ceux qui ont le porte-monnaie assez rempli. Pour le commun des mortels, Harrods n’est pas un magasin, mais une attraction touristique. Si vous êtes prêts à braver les foules, il faut le traiter comme un immense cabinet de curiosités, et aller voir:
– sa façade illuminée par presque 12,000 ampoules (apparemment il faut en changer environ 300 par jour)
– son Egyptian Hall et ses escalators, avec colonnes et reliefs créés pour le propriétaire de l’époque, Mohammed Al Fayed
– ses ascenseurs dorés avec leur gros signes ronds Up/Down
– son mémorial plus-kitsch-tu-meurs dédié à Diana et Dodi Al Fayed. Il est caché au sous-sol, et quand vous le verrez vous comprendrez pourquoi…
Il y aussi la Millionaire Gallery, où vous trouverez des trucs comme un autographe de Marilyn Monroe (£16,000), le fameux Toy Store, et le Harrods Gift Shop, où vous pouvez acheter un Harrods Teddy Bear (£18) comme celui qui a inspiré Winnie the Pooh. (Mal)heureusement le Harrods Pet Store a fermé en 2014. Autrefois les célébrités pouvaient y acheter des animaux exotiques, comme des lions et des crocodiles, et même des éléphants.
Harrods est également connu pour ses rayons de Noël. Vous y trouverez des boules pour le sapin à £30 pièce, des Christmas stockings dorés à £99 et des Christmas crackers à £499 (il y a des chaussettes en cachemire dedans, mais quand même!). Un des bestsellers de la maison sont les paniers garnis, ou hampers, qui coûtent de £50 à £5,000 (The Ultimate Hamper). Les vitrines de Noël cette année, par Dolce & Gabbana, ne sont vraiment pas terribles.
Personnellement, la seule raison que j’aurais de visiter cet endroit si je me trouve dans le coin, c’est le merveilleux Food Hall. C’est d’ailleurs ici que l’histoire d’Harrods a commencé. Son fondateur, Charles Henry Harrods, était un petit épicier de Stepney dans le East End. En 1849, afin de profiter des foules de la Grande Exposition de 1851 à Hyde Park, il ouvre une épicerie vendant du thé, des biscuits et du savon sur Brompton Road, avec deux commis et un coursier.
Trente ans plus tard, le Food Hall était rempli de mille et un articles, de pyramides de thé et de montagnes de café. Après un grand incendie, il est reconstruit en 1902 avec des comptoirs et sols en marbre, et des murs couverts de carreaux colorés. C’est le premier magasin à vendre des fruits exotiques. Dans les années 60, on pouvait y acheter des produits étranges comme des sauterelles frites et des chenilles rôties.
Aujourd’hui ses vitrines sont pleines à craquer de bons fromages, de pâtisseries délicates (y compris des croissants au beurre de Montaigu et des kouig amanns fourrés au mincemeat), de petits plats tout prêts de tous les pays, et même des sandwiches et salades à l’emporter (aux prix tout à fait abordables). Il y aussi un bar à huîtres, une rôtisserie, une pizzeria et des snackbars asiatiques.
C’est aussi dans le Food Hall que fut installé en 1898 le premier escalator du pays. à son ouverture, le staff de Harrods se tenait en haut, offrant du brandy pour ces messieurs et des sels de pâmoison pour ces ladies, traumatisés par cette nouveauté. Vous aurez peut-être vous aussi besoin d’un petit remontant après une visite à Harrods en période de Noël!
> Harrods, 87-135 Brompton Rd, Métro Knightsbridge. Ouvert du Lun-Sam 10h-21h; dimanche 11:30-18h.