Enfin le printemps, la saison où l’on redécouvre la beauté simple des fleurs et des bourgeons. Un parfait timing pour vous présenter un phénomène du monde de l’édition anglais, The Lost Words. Ce livre d’illustrations et de poèmes fait partie d’une tradition anglo-saxonne très spéciale, celle du nature writing.
Ces dernières années, de nombreuses publications, comme The Book of Tides, The Cabaret of Plants, Waterlog, Woodlands, H is for Hawk, et A Natural History of Hedgerows, se sont penchées sur des sujets naturels comme les haies, les marées, ou bien même la nage dans les rivières, toujours avec grand succès.
L’un des écrivains les plus connus de ce genre, Robert McFarlane, a parcouru le pays pour retracer des routes ancestrales pour son livre The Old Ways. Il m’a enchantée avec ses descriptions de désert de boue et de reflets de nuages lors de sa promenade sur le Broomway, un chemin dans l’estuaire de la Tamise, balisé autrefois avec des balais.
Son dernier succès est une collaboration avec l’excellente illustratrice Jackie Morris, un livre pour enfant célébrant The Lost Words, des mots décrivant le monde naturel mais que l’on a supprimé du Oxford Junior Dictionary. Des mots comme pissenlit, loutre et ronces – un vocabulaire pourtant si important pour l’imagination et la connaissance du monde qu’ils ont fait revivre dans ce livre très spécial.
Le résultat a rencontré un franc succès: seulement quatre mois après sa publication, il y avait déjà plus de 75,000 exemplaires vendus, et le livre était par deux fois primé. Les poèmes, que McFarlane appelle des sortilèges, sont des acrostiches décrivant des animaux et des plantes à grand coup d’allitération et et de rimes: “Otter enters river without falter – what a supple slider out of holt and into water!” ou encore “Magpie Manifesto: Argue Every Toss! Gossip, Bicker, Yak and Snicker All Day Long!”
Quand aux aquarelles de Morris (qui explique ici la genèse du projet), elles séduisent avec leur fonds dorés et leur fluidité. Vous pouvez les voir en ce moment au Foundling Museum à Londres, où une exposition leur est consacrée.
L’enthousiasme général pour The Lost Words est tel que de nombreuses initiatives privées ont été organisées pour pouvoir offrir ce livre aux écoles de leurs régions. Par exemple, en Écosse, une certaine Jane a réussi à récolter plus de £25,076, ce qui veut dire qu’il aura un exemplaire du livre dans chaque école d’Écosse. Une version braille du livre se prépare, une adaptation théâtrale aura lieu cet été, et les poèmes ont déjà été adaptés en chanson par une chorale enfantine.
C’est bien un nouveau classique, pour les petits comme pour les grands.
> The Lost Words, Hamish Hamilton, £20