Trinity Buoy Wharf

Les Docklands, l’ancienne zone portuaire à l’est de la capitale qui s’est fait aplatir par les bombes durant le Blitz, était autrefois un quartier sans reliefs, fait d’anciens bassins rectangulaires, de longs quais abandonnés et de petits pavillions des années 1980s, avec au milieu la piste de l’aéroport de London City. Mais, petit à petit, cette partie du East End s’est transformée en une ville verticale à la Chinoise: les tours de Canary Wharf sont maintenant entourées par d’innombrables gratte-ciels, du Parc Olympique au nord, à la péninsule de Greenwich au sud, et jusqu’à Woolwich à l’est.

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Un Thames Clipper sur la Tamise, et les nouvelles tours de la Isle of Dogs, vues depuis la réserve naturelle de East India Dock

Cela reste un quartier étrange, fait de bric et de broc, avec des terrains vagues et des zones industrielles dans tous les coins. Vous y trouverez pourtant – entre une réserve naturelle, une décharge et un chantier d’immeubles de luxe – un lieu véritablement hors du commun, plein de surprises délicieuses, qu’il vaut vraiment la peine de visiter: le Trinity Buoy Wharf. On l’aperçoit bien depuis le téléphérique qui croise la Tamise à côté:

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Coincé entre la Tamise et Bow Creek, un méandre de la Lea River, ce quai est loin de tout. Vous pouvez y accéder par la station de DLR East India, en traversant la réserve naturelle de East India Dock Basin. Il y un siècle, on y déchargeait du thé et des épices venus d’Inde; il y a une septantaine d’années, on y construisait les Ports flottants Mulberry qui allait servir aux Alliés lors du débarquement. Aujourd’hui, on y trouve des hérons et de belles vues de la rivière et du Millennium Dome.

Ensuite, il faut passer devant d’anciens chantiers navals, dont les noms sont toujours écrits en gros sur des entrepôts déglingués. L’un d’entre eux a été transformé en bureau de vente pour les appartements chics du projet Goodluck Hope, qui promet de transformer le quartier en nouveau coin branché. Rien à voir avec le bidonville qui se trouvait ici au 19ème (quand l’activité principale de ses habitants était de ramasser les bouts de déchets et de charbon dans la rivière pour essayer de les revendre).

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La première chose que l’on aperçoit en entrant, ce sont les containers du Orchard Café, sur le toit desquels est installé un arbre sur un taxi. Cette sculpture d’Andrew Baldwin  fait partie du Street Art Trail du wharf; vous en trouverez d’autres un peu plus loin, près du Container City, un empilement de containers qui abrite les studios de plus de 200 artistes. On ne peut pas non plus rater le Lightship 95, un studio d’enregistrement sur un ancien bateau-phare rouge pétant qui compte pour clients Yann Thiersen (évidemment), Lana Del Ray ou bien Wolf Alice.

Le lieu accueille également la Royal Drawing School, des salles de répétitions du English National Opera (les danseurs du English National Ballet s’installeront l’année prochaine sur la London City Island, juste à côté, achevant de transformer le quartier en véritable centre artistique), les bureaux des bateaux Thames Clippers, et même… un fabuleux diner américain, le Fatboy’s Diner.

Cet authentique trailer en aluminium, construit en 1941 au New Jersey, est arrivé à Londres dans les années 1990 et s’est installé à Trinity Buoy Wharf en 2002. Depuis, il fait des heureux avec ses burgers, frites et milkshake. Je vous recommande le Fatboy’s Hot Dog et les pancakes au sirop d’érable. Sinon, vous pouvez faire comme nos voisins de table et commander un milkshake à la fraise et le quadruple burger à £20… (remboursé si vous le finissez en moins de 15 minutes).

Pour dépenser toutes ces calories, juste à côté se trouve la London Parkour Academy, où vous pouvez apprendre à sauter des toits avec classe. Elle est située dans l’ancienne Chain Store, où était entreposées et testées les chaînes des bateaux des Docklands.

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Car cet endroit si particulier – où l’on peut grimper tout en haut de l’unique phare de la capitale – fut pendant des décennies un lieu clé de l’histoire maritime de Londres. Fondée en 1514 pour gérer le passage des bateaux et les permis de navigation, Trinity House (basée près de la Tour de Londres) a été ensuite chargée d’installer des phares, bateaux-phares et bouées (buoy) dans tout le pays. Pour ce faire, l’organisation a ouvert en 1803 un atelier à Trinity Buoy Wharf. On y fabriquait, testait et réparait les bouées et les chaines, et les ouvrières expertes de la Thames Glass Plate Company y produisait les plus grands panneaux en verre et mirroirs du pays (parfait pour les phares). Quant au phare, construit en 1864, il servait à tester les nouveaux équipements et dernières technologies, ainsi qu’à la formation des nouveaux gardiens de phare.

A son apogée en 1910, Trinity Buoy Wharf employait plus de 150 ingénieurs, métallurgistes, charpentiers, peintres et testeurs de chaînes. Fermé en 1988, son phare accueille depuis l’an 2000 Longplayer, une installation musicale de Jem Finer qui est conçue pour être jouée sans répétition jusqu’en 2999. Elle est basée sur un concert de gongs et bols tibétains de 20 minutes, multiplié à l’infini ou presque par un algorithme. On peut voir les 234 bols en montant à l’étage du phare, avant d’aller écouter Longplayer  depuis la lanterne. Je dois dire qu’admirer les vues magnifiques de la rivière en écoutant cette composition étrange est vraiment une expérience étonnante.

Au pied du phare se trouve une petite cabane dédiée au scientifique Michael Faraday, qui autrefois travaillait dans l’espace où se trouvent les bols tibétains. Connu pour ses travaux fondamentaux dans le domaine de l’électromagnétisme, Faraday fut aussi le conseiller scientifique de Trinity House pendant près de 30 ans. Il a fait de nombreuses expériences dans son atelier de Trinity Buoy Wharf, travaillant sur l’ajustement optique des lentilles de phare, et inventant un nouveau type de cheminée pour phare qui empêchait les saletés de se déposer sur les lanternes.

Pour continuer votre balade, dirigez vous vers les tours de London City Island, où un grand pont rouge vous amènera à la station de Canning Town. Si vous prenez le DLR (direction Beckton) pour un arrêt, vous pouvez prendre le téléphérique à Royal Victoria docks et continuer votre exploration des Docklands.

 

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